Saint Isidore le Laboureur est le saint patron de Madrid, la ville où il a vécu et est mort. Il est né vers 1082 et, comme son nom l'indique, s'est consacré à l'agriculture, étant l'un des nombreux travailleurs journaliers des champs, qui louaient des parcelles au service de leurs maîtres.
Saint Isidore est également considéré comme le patron des agriculteurs et des communautés rurales. Il est généralement représenté vêtu de vêtements de paysan et portant les outils propres à cette profession. Parfois, ses images font allusion aux miracles qui lui sont attribués, apparaissant à côté de ses bœufs qui labourent conduits par des anges, ou près de sources et de fontaines d'eau.
À l'époque d'Isidore, la ville de Madrid et ses environs appartenaient à la taïfa de Tolède, l'un des royaumes musulmans indépendants qui résulta de la division du califat de Cordoue.
Il est très probable qu'il appartenait à la communauté mozarabe qui a gardé sa religion chrétienne malgré le fait qu'elle vivait dans des territoires où l'islam prédominait. La taïfa de Tolède est revenue aux mains des chrétiens peu après la naissance du saint, en 1085, après le siège de sa capitale par Alphonse VI.
Quels miracles a fait saint Isidore ?
La vie et les miracles du saint sont attestés par le Codex de Saint-Isidore, qui date du XIIIe siècle.
Le texte recueille cinq miracles au total, détaillant comment il multipliait la nourriture qu'il distribuait à ses compagnons journaliers et offrait aux plus malheureux, et même aux animaux qui souffraient du manque de nourriture en hiver. On dit aussi qu'il faisait labourer ses bœufs pendant qu'il priait, sans perdre une journée de travail pour sa foi.
La tradition orale a également conservé d'autres récits de ses miracles.
Le plus connu est celui de la fontaine dont le prodige se produisit un après-midi d'été de chaleur au cours duquel, pour étancher la soif de son maître, le saint a planté l'un de ses outils dans le sol et a réussi à faire jaillir une source à l'endroit où ils se trouvaient.
On dit qu'Isidore était particulièrement habile pour trouver de l'eau et des puits, il est donc courant de lui demander de fournir de la pluie au printemps.
Comment est célébré saint Isidore ?
La fête du Saint-Isidore (la Fiesta de San Isidro) est célébrée tous les 15 mai avec un pèlerinage jusqu'à son ermitage. On lui rend hommage avec des bals populaires, des feux d'artifice et de la nourriture, la coutume étant de manger les beignets rosquillas et de boire de la limonade.
La tradition est de boire de l'eau de la fontaine du saint, au préalable bénie lors d'un acte religieux, de s'habiller en costume de chulapa et chulapo, et de danser la danse typique de Madrid, le chotis.
Saint Isidore n'est pas seulement le patron de Madrid, mais aussi d'autres municipalités dans le reste du territoire espagnol, comme Rosal de la Frontera, dans la province de Huelva, ou La Orotava, sur l'île de Tenerife. Il est également vénéré dans d'autres parties du monde, comme au Honduras, en Argentine et aux Philippines.
Actuellement, les restes de saint Isidore reposent dans l'église collégiale de Saint-Isidore, à Madrid, avec ceux de son épouse, saint Marie de la Cabeza, connue sous ce nom parce que son crâne était vénéré comme une relique dans l'ermitage de Torrelaguna, lieu où elle serait née.
Selon la croyance populaire, saint Isidore et sainte Marie eurent un fils, Illán, qui, contrairement à ses parents, n'est pas considéré comme un saint par l'Église catholique. Toutefois, il est vénéré comme tel dans certains endroits, surtout dans la ville de Cebolla dans la province de Tolède. On dit qu'il s'est établi sur ce territoire en tant qu'ermite et qu'il y a accompli des miracles très similaires à ceux de son père.
Quel est le rapport entre saint Isidore et la monarchie espagnole ?
La figure de saint Isidore est également étroitement liée à la monarchie espagnole, puisque toutes les maisons régnantes l'ont vénérée.
Le corps intact de saint Isidore a été prié et porté en procession à de nombreuses reprises pour lui demander de l'aide face à la maladie ou à la mort imminente de certains membres de la famille royale, comme dans les cas des reines Marie-Anne de Neubourg et Marie-Amélie de Saxe.
La tradition soutient que Philippe II ait été guéri d'une maladie après avoir bu dans les eaux d'une source, dont on croyait qu'elle pourrait être la même que celle que saint Isidore a fait jaillir pour son maître.
Pour remercier le saint de son aide, sa mère, Isabelle du Portugal, a érigé un ermitage à côté de cette fontaine, à l'endroit qui est maintenant connu sous le nom de Prairie de Saint-Isidore (Pradera de San Isidro).
Traduction : Nolwenn Gouault