Explorer des histoires de femmes remarquables à Paris
Il existe un documentaire bien connu, produit en 1996 et intitulé Paris Was A Woman. Il célèbre des femmes célèbres vivant à Paris entre la Première et la Seconde Guerre mondiale.
On pourrait étendre ce principe pour y inclure la ville comme l’une d’entre elles et faire entendre la voix de certaines de ses célèbres protagonistes du passé comme preuve de la vraisemblance de ce statut.
La beauté de Paris s'incarne dans son architecture depuis l'Antiquité jusqu'à l'époque moderne, imprégnée de lignes, de courbes et de magnifiques flèches. Ses bâtiments richement décorés et ses jardins colorés reflètent le talent artistique de ceux qui l'ont construite.
Paris a été le foyer de femmes telles que sa sainte patronne Geneviève, Christine de Pizan - la première femme ayant vécu de sa plume - et Héloïse, la célèbre religieuse et femme de lettres du XIIe siècle.
Paris est également connu pour des femmes contemporaines des XXe et XXIe siècles telles que les philosophes Simone de Beauvoir et Hélene Cixous et, bien sûr, la célèbre créatrice de mode Coco Chanel.
Paris a offert un cadre à ces femmes remarquables qui ont laissé leurs traces dans cette ville qui, comme elles, reflète la grâce, l'intelligence et le courage. La capitale française a fourni un espace à ses femmes pour créer, penser et agir, malgré les restrictions politiques, économiques et sociales qui ont souvent invisibilisé leurs voix et leurs travaux.
Regardons d'un peu plus près quelques-unes des nombreuses grandes femmes de Paris.
Geneviève
Geneviève, gallo-romaine de naissance noble, était la sainte patronne de Paris. Elle a vécu au Ve siècle et a contribué à sauver Paris de l'invasion par les armées d'Attila le Hun (souverain du peuple nomade Huns).
Les citadins de Paris étaient d'abord sceptiques quant aux motivations de Geneviève, car elle descendait de ce qu'ils considéraient être comme des « étrangers ». Elle conseilla aux Parisiennes de ne pas fuir, mais de rester et de prier, ce qui leur évita d'être massacrées.
Le respect de ses conseils a réussi à assurer sa place de femme sainte, sage et honorable de Paris. Plus tard, une église fut érigée en son nom où ses reliques sont enterrées.
Héloïse
La période médiévale a été marquée par un certain nombre de grandes penseuses, écrivaines, compositrices, théologiennes et artistes. Héloïse de Paris était l'une d'entre elles, une penseuse révolutionnaire dans le domaine de la théologie et, notamment, de la manière dont elle était interprétée par les érudits de l'Église.
Ses études critiques étaient respectées par son précepteur, Abélard, un ecclésiastique, qui lui a déclaré dans une lettre :
« Je te suis [pourtant] inférieur à bien des égards (...) car tu me surpasses même là où je semblais exceller »
Il la voyait comme une personne dotée d'intelligence. Ils devinrent plus tard des amants passionnés, ce qui conduisit à une fin plutôt tragique pour tous les deux.
Leur amour n'étant pas considéré comme approprié et l’union cléricale étant interdite, Héloïse et Abélard ne pouvaient prétendre au mariage. Malgré cela, ils se sont mariés secrètement et ont eu un enfant, Astrolabe, que Héloïse n'a pas pu élever. Il a été confié aux soins de la sœur d'Abélard, Dionysia.
Abélard insista pour que Héloïse passe le reste de ses jours à l'écart de la société comme il le faisait lui-même. La séparation a été douloureuse pour ces deux personnes qui s'aimaient si profondément. Ils ne se sont jamais oubliés.
À travers leurs lettres, nous percevons un amour qui a brillé malgré leur séparation. En définitive, nous nous souvenons de Héloïse comme d'une femme d'une grande érudition et de grâce, et qui a aimé Abélard jusqu'à la fin de sa vie. Ils sont enterrés ensemble au cimetière du Père Lachaise à Paris.
Marianne
Marianne est la figure allégorique d'une France ouverte, représentant les principes fondamentaux de la politique française, à savoir liberté, égalité, fraternité et raison.
De ce fait, il n'est pas étonnant que Paris soit imaginée comme une femme. Marianne prend sa place parmi d'autres déesses de la raison et de l'intelligence, comme la déesse romaine Minerve ou la déesse grecque Athéna, des femmes à la fois féroces et sages.
Bien entendu, elle n'était pas une personne réelle. Mais elle est imaginée comme réelle sous diverses formes : peintures, bustes en marbre, mémoriaux et statues comme celle, ci-dessus, que l'on trouve à Paris.
Gertrude Stein
Paris a également accueilli des femmes étrangères qui sont arrivées dans la capitale française à la recherche d'un cadre favorable pour leur travail intellectuel et artistique.
L'une des plus remarquables a été Gertrude Stein qui, à Paris, a fondé un mouvement d'avant-garde autour de sa propre pensée artistique sur la structure littéraire. Elle remettait en question les notions de style, de contenu et de langage de la fin du XIXe siècle. La ville était aussi un lieu qui acceptait ce qui pouvait être considéré comme un mode de vie alternatif.
Stein a vécu avec sa partenaire de longue date Alice B. Toklas et a soutenu de nombreux écrivains modernistes. Les auteurs américains Ernest Hemingway et F. Scott Fitzgerald ainsi que des artistes tels que Pablo Picasso et Henri Matisse se sont réunis dans son salon.
Les salons de Paris étaient des endroits où les femmes pouvaient évaluer l'acceptation et la reconnaissance de leur travail artistique. Stein a donc créé le sien qui a soutenu ses propres efforts artistiques, mais aussi ceux d'Alice B. Toklas et d'autres artistes.
C'est dans la mise en place de tels lieux que l'on voit l'ambition novatrice de Gertrude Stein de poursuivre cette tradition de soutien aux femmes, ce que la ville de Paris lui avait offert jusqu’à présent. Elle est aussi célèbre pour avoir dit :
« L'Amérique est mon pays et Paris est mon chez moi. »
Avec Alice, elle est restée en France malgré les tourmentes et les privations de la Seconde Guerre mondiale.
Après la guerre, elles retournèrent toutes les deux dans leur ville de cœur, Paris, où elles continuèrent leur travail. Stein a écrit Les Guerres que j’ai vues, l'année précédant sa mort en 1946. Comme Héloïse et Abélard, Gertrude Stein et sa compagne Alice B. Toklas sont enterrées ensemble au cimetière du Père Lachaise.
Beaucoup d'autres femmes artistes, écrivaines, philosophes, scientifiques et pionnières dans leur domaine ont bénéficié des qualités de Paris. Cette ville est une femme au sein de laquelle d’autres femmes ont pu trouver, et continuent de trouver, refuge, soutien et inspiration pour leur travail.
Pour célébrer toutes leurs contributions à l'histoire de l'humanité, la ville de Paris devrait être comptée parmi celles qui leur a offert la possibilité, comme le disait Simone de Beauvoir, de devenir des femmes.
Traduction : Nolwenn Gouault